Chapitre 6 Administrer la terreur
« Dans une situation comme la nôtre, [il faut] organiser des milices composées de jeunes des deux sexes, ne pas hésiter à copier les méthodes fascistes : escouades, sections, compagnies, bataillons, régiments, divisions (Allemagne). »
Samuel Kamé, « L’UC doit-elle être un parti de masse ou un parti d’élites ? », août 1961.
Alors que l’UPC est dramatiquement fragilisée après l’assassinat, à deux ans d’intervalle, de Ruben Um Nyobè et de Félix Mournié, le pouvoir franco-camerounais poursuit son offensive tout au long des années 1960. Mais cette offensive ne vise plus seulement la rébellion, qui se poursuit malgré la répression acharnée, ni même les populations soupçonnées de la soutenir, notamment dans la région Bamiléké. Conçue comme provisoire à la fin des années 1950, la guerre contre-subversive se généralise, s’institutionnalise et devient routinière : les dispositifs répressifs mutent en techniques de gouvernement. Et c’est le peuple le camerounais, perçu comme intégralement suspect, qui à devient la cible de cette guerre désormais permanente.