Chapitre 7 Epilogue : Vers la vérité et la justice ?
« Le fait est que les vaincus sont obligés, pour survivre, de connaître non seulement leur propre histoire, mais aussi celle de leurs dominants. Les dominants, eux, non. L’ignorance suffit. Du coup, ce n’est pas parce que l’on a eu un passé ensemble qu’on aura nécessairement un futur en commun. Un tel futur, il faudra le construire consciemment. Par la lutte. »
Achille Mbembe, « La France peine à entrer dans le monde qui vient », Libération, 2 juin 2016.
Comment interpréter les déclarations de François Hollande, le 3 juillet 2015, lorsque, en visite officielle à Yaoundé, il évoqua les « épisodes extrêmement tourmentés » qui marquèrent l’indépendance du Cameroun (voir introduction) ? Passées presque inaperçues en France, ces quelques phrases furent accueillies avec un certain soulagement dans l’opinion publique camerounaise. Pour la première fois, les plus hautes autorités de l’État français, en la personne du président de la République, reconnaissaient qu’il s’était bien passé quelque chose au Cameroun au moment de la décolonisation. Évoquant une « répression » en Sanaga-Maritime et au pays Bamiléké, François Hollande se disait même prêt à « ouvrir les livres d’histoire [et] les archives ».