Chapitre 2 La matrice de l’affrontement (1948-1954)

« Le mot magique d’indépendance est désormais lancé. Si l’on n’y prend garde, la France, en Afrique comme ailleurs, va finir par être prise de court. »

Louis-Paut Aujoulat, Discours à l’Assemblée natlonale, juin 1954.

Les douze hommes qui se réunissent le 10 avril 1948 au bar-café Chez Sierra, à Douala, ne se doutent pas sur le moment de l’importance de leur geste. C’est pourtant autour du nouveau mouvement politique qu’ils constituent ce jour-là, l’Union des populations du Cameroun (UPC), que va se structurer la vie politique du pays dans les années et les décennies suivantes.

Le programme de l’UPC n’a pourtant rien a priori de particulièrement radical. Ayant « pour but de grouper et d’unir les habitants » du Cameroun, comme l’indiquent les statuts du mouvement déposés à la mairie de Douala le 12 avril 1948, l’UPC ne revendique finalement rien d’autre que ce que les responsables français avaient eux-mêmes promis dans les mois précédents. Faisant écho à la déclaration de Brazzaville, elle demande « l’évolution plus rapide des populations et l’élévation de leur standard de vie». Et, rappelant aux autorités franco-britanniques les engagements qu’elles ont pris à l’ONU, elle affirme travailler « pour une autonomie chaque jour plus grande de notre territoire ».